Plaisirs de l’amour à Venise autrefois

 

À partir du XVIIIème siècle, on assiste à un changement radical du mode de vie des Vénitiens

Le commerce déclinant, les nobles investissent dans les domaines de la terre ferme. Ils vivent dans leurs villas mais viennent à Venise pour se livrer à une ville de plaisir : plaisirs des arts mais aussi bals, carnaval et plaisirs de l’amour.

Les « casini »ou petites maisons des plaisirs

Il y en avait des centaines à cette époque dans Venise. Ces petites maisons ou appartements ont été mises à la mode par les riches qui avaient la possibilité de se payer plusieurs logements. On y recevait des dames ou des amis mais on y jouait aussi beaucoup de sorte que ce terme a fini par désigner les casinos d’aujourd’hui.

Les casini n’étaient pas l’apanage des hommes. Les femmes de la noblesse avaient les leurs où elles recevaient leurs amants.

On peut lire dans un procès-verbal de fermeture d’un casin de 1720 que l’on avait trouvé là une 20aine de patriciens se réunissant avec leurs femmes et 20 autres personnes. L’échangisme était devenu une véritable mode à Venise dans certains milieux.

Les sigisbées ou « cavalieri servanti »

Vu la mortalité en couches élevées, les hommes se mariaient plusieurs fois et très souvent avec des épouses beaucoup plus jeunes. Se posait alors un problème évident en fonction de la différence d’âge. D’aussi jeunes femmes avaient toutes les chances de trouver dans cette Venise libertine, des exutoires aux défaillances de leurs vieux maris.

On trouva une solution à ce problème avec la pratique courante des sigisbées. Les sigisbées étaient des hommes jeunes que le mari tolérait, préférant que son épouse ait un seul amant. Souvent la présence des sigisbées était précisée dans les contrats de mariages. Mais ces hommes n’étaient pas que des amants. Ils servaient leur dame comme de vulgaires domestiques, devant répondre à leurs moindres caprices.

Le carnaval

Le 27 décembre de chaque année débutait officiellement le carnaval de Venise. Les autorités permettaient l’usage de masques mais pas aux personnes armées ni aux prostituées.

Le carnaval durait tout l’hiver voire jusqu’à 6 mois. Les masques étaient d’une grande beauté mais bien évidemment totalement inexpressifs ce qui leur donnait un côté un peu effrayant. Cela d’autant plus que les personnages étaient complètement enveloppés dans de grandes capes ou de longs manteaux et que les rues étaient mal illuminées.

Cet anonymat favorisait bien entendu les rencontres illicites et les plaisirs défendus...ce dont ne se privaient pas les Vénitiens et les visiteurs comme en témoignent de nombreuses correspondances.

Carnaval Venise

Les couvents de sœurs

Les jeunes femmes qui s’y trouvaient avaient été mises là dès leur enfance par des parents qui les abandonnaient ou par des familles nobles qui voulaient préserver leur héritage pour le garçon aîné de la famille. Pour la plupart elles devenaient sœurs sans vocation. Les autorités religieuses conscientes de cet état de fait leur accordaient de nombreuses dispenses aux règles monastiques.

Les chroniques du 16ème, 17ème et 18ème siècles sont remplies de récits advenus à l'intérieur des couvents féminins : révoltes, effractions, fugues, fornications, fréquentations des hommes, rapts, religieuses vêtues en femmes du monde faisant le tour de Venise, festins dans les parloirs, amours, poésies, péchés, étrangers de haut rang curieux de vivre des moments de luxure avec une religieuse, chasseurs de jeunes nonnes...Les religieuses étaient montrées du doigt comme des prostituées et les couvents comme des bordels.

Un de ces couvents, celui de Sant’Angelo di concordia, fut même fermé par suite de scandales à répétition.

Couvent des soeurs Venise

La Cheba

Il arrivait que des prêtres eux-mêmes soient surpris. La punition était alors la " cheba ". On les enfermait dans une cage (cheba) de bois, équipée de fers, accrochée à mi-hauteur du campanile de Saint Marc, où ils étaient exposés jour et nuit, aux intempéries, pour toute la vie ou pour un temps fixé, recevant leur nourriture quotidienne par l'intermédiaire d'une cordelette qui partait du bas.