République de Venise son histoire

Venise se créa puis se développa dans la mouvance de l’Empire d’Orient

Republique Venise

 

Les premières occupations de la lagune remontent probablement, quoique ponctuelles, aux Romains. Elles se situaient dans le nord de la lagune et sont actuellement sous deux mètres d’eau.

Depuis les premiers siècles du christianisme, il existe probablement un habitat stable à Torcello. Des réfugiés arrivèrent en 452 pour fuirfauteuil les Huns et en 488 pour se soustraire aux Ostrogoths. Il existe d’ailleurs un monumental trône de pierre à Torcello que la légende attribue à Attila.

Il y eut ensuite une interruption de cette colonisation, voire l’abandon de certains îlots, durant les V et VI siècles, due à des bouleversements hydrologiques. Cassiodore, fonctionnaire ostrogoth, décrit en 537-538 un paysage marécageux dans lequel évoluent des hommes s’occupant de salines et de pêches.

Ce n’est qu’à partir du VI siècle, avec l’arrivée des Lombards en 568, dans les régions de Vérone, Trévise et Padoue que l’on assista à une migration massive de réfugiés vers le littoral et les îlots de la lagune de Venise.

L’îlot de Torcello fut habité par les réfugiés d’Altino et leur évêque. Malamocco reçut les Padouans et Grado ceux d’Aquilée.

Si la région offrait une protection contre les envahisseurs et leur cavalerie, elle se révélait en revanche ingrate, maigre en ressources et difficile à habiter. Des travaux d’aménagements durent être entrepris dès le début.

Certains de ces lieux de vie ont disparu ; d’autres, bien consolidés, se sont agrandis et sont toujours présents. A Torcello fut fondée en 639 déjà, le grand sanctuaire de la lagune nord, une basilique dédiée à la Vierge. Ce monument est célèbre pour ses mosaïques du XIIème siècle. 

Sans titre 3Dès le VII siècle l’économie se tourna vers l’artisanat - travail du verre, de la corne puis du bronze - et le commerce.

Torcello se positionna comme un intermédiaire commercial entre l’Occident et l’Empire byzantin. Par elle passait les produits d’Orient – soieries de luxe, épices, métaux précieux –et ceux d'Europe de l'Ouest -sel, bois, esclaves.

Au VIII siècle Venise était un agglomérat d’îlots : Torcello était le comptoir commercial, Malamocco la résidence du pouvoir politique, Cittanova et Rialto voués eux aussi au commerce.

Rialto (rive haute) était avantagé par ses hauts-fonds qui permettaient l’accostage de grosses nefs. Ainsi cette île prit la prépondérance sur les autres îlots. Cette prééminence fut renforcée en 810 lorsque le doge Angelo Participazio s’y installa.

Venise s’émancipe de Byzance

Sur le plan politique, les Vénitiens étaient sujets de Byzance. Ils avaient déjà un doge mais il n’était pas vénitien. C’était en fait l’exarque de Ravenne. Toutefois Ravenne fut prise par les Lombards, eux-mêmes chassés par Pépin le Bref à la demande du pape Etienne. Les Francs et le pape se partagèrent les territoires. Les premiers prenant l’Italie du Nord. Le second dominant un territoire qui devint l’état pontifical.

En 804 Charlemagne propose à Venise sa protection contre sa reconnaissance comme empereur. Les Vénitiens acceptent et le 25 décembre 805, le doge jure hommage à Charlemagne à Aix-la-Chapelle, puis il choisit une épouse franque parmi les dames de la cour. Elle devient la première dogaresse.

Mais les Byzantins n’acceptent pas le transfert de souveraineté de l’empire byzantin à l'empire d'Occident. L'empereur Nicéphore envoie une flotte armée mais elle est battue et doit se replier.


À la demande du doge – invoquant le traité de 805 – Pépin d’Italie, fils de Charlemagne et roi des Lombards, entreprend en 810 une expédition pour installer des troupes à Venise afin de faire face à la menace de Byzance. Bien que demandée par le doge, cette intrusion provoque l’hostilité des Vénitiens.

Pépin, après avoir pris le contrôle de plusieurs villes, est arrêté par les Vénitiens au canal de Malamocco ou d’Orfano – canal des Orphelins – Peut-être déjà malade, il se retire contre la promesse d’un tribut. À la fin de l'année, le doge Obelerio jugé trop proche des Francs est chassé de Venise.

Un accord entre les deux empires, la Paix de Nicéphore, du nom de basileus, est conclue et ratifiée en 814. Les Francs obtiennent la reconnaissance de l'empire d'Occident par Byzance. Charlemagne reconnaît la suzeraineté de Byzance sur Venise et la Vénitie. Il donne la garantie que la flotte de Venise ne pourrait être employée contre Byzance. De même la flotte vénitienne ne pouvait pas servir contre l'empire d'Occident. Cet accord faisait des doges des fonctionnaires byzantins mais élus par des Vénitiens. Byzance était très éloignée et avait de plus en plus de difficultés à faire respecter son autorité.

La situation géographique de Venise était idéale pour fonctionner en tant que pont entre l’Orient et l’Occident. Elle est située au fond du golfe le plus profond de l’Adriatique, près de deux grands fleuves : le Pot et l’Adige qui conduit au col du Brenner, passage le plus bas des Alpes. Elle constitue la jonction entre les routes terrestres et maritimes. 

Au cours du XIe siècle la flotte vénitienne prend de plus en plus d’importance. Les Byzantins, en lutte avec de nombreux ennemis, demandent à Venise de les aider. En récompense de ces actions militaires, ils obtiennent de nombreux privilèges commerciaux qui favorisent leur commerce en Orient.

Un fait notable vient encore renforcer le sentiment d’indépendance de Venise. Les reliques de Saint Marc, réputé évangélisateur de la lagune, sont dérobées à Alexandrie par deux commerçants vénitiens et rapporter chez eux. Une basilique est construite et la ville se place sous la protection de ce saint latin, en lieu et place du premier patron, Saint Théodore qui était grec.

La ville médiévale de Venise

L’expansion démographique, due à ses succès commerciaux, exigea d’agrandir le territoire à bâtir. Il fallut conquérir de l’espace sur la lagune, assécher des grandes zones marécageuses, planter des pieux, créer un réseau de canaux navigables. Ces travaux se poursuivirent sur des siècles. On estime que la Venise actuelle est à 80% gagnée sur l’eau.

Ville médiévale Venise

Jusqu’à la fin du XI siècle, Venise est une ville en bois hormis le palais du doge et quelques églises. Mais des incendies ravageurs obligèrent à revoir les matériaux de construction. La brique l'emporta ensuite tandis que la pierre d'Istrie, qui résiste à l'eau salée, occupait les parties basses. La municipalité intervint par des règlements pour encadrer l'évolution urbaine, jusque-là anarchique. Les alignements de façade devaient être respectés. En 1224, un organisme chargé d'entretenir les canaux fut créé. On entreprit également de bonifier l'îlot de Giudecca nova, face du Rialto.

De nombreux trophées, pris dans les territoires sous sa domination, sont venus orner et enrichir la ville dont les fameux chevaux de bronze pris à Byzance.

La ville est divisée en 6 quartiers, les sestieri, symbolisés par les 6 dents que porte la proue des gondoles.

Venise capitale d’un empire maritime

Gondole VeniseVenise est considérée depuis le XIe siècle comme la plus grande puissance économique de Méditerranée. Conduite par son doge et ses grandes familles marchandes, Venise s'est peu à peu imposée comme le principal intermédiaire commercial entre l'Orient, dominé par les cultures musulmane et byzantine, et le monde chrétien. Ses relations avec Byzance se sont peu à peu modifiées. Elle s’affirme alors comme une puissance indépendante.

Cette place de quasi-monopole fut acquise suite à l'aide apportée à l'empire Byzantin dans ses guerres contre les peuplades slaves telles que les Bulgares.

Cette situation changea en 1171 lorsque l'empereur Manuel Ier Comnène fit arrêter les vénitiens présents dans son empire et saisir toutes leurs possessions en raison de leur trop forte emprise sur l’économie byzantine.

Mais en mettant fin aux relations privilégiées avec les Vénitiens, l’empereur n’a, pour les remplacer, que d’autres italiens, concurrents de Venise : les Génois et les Pisans, les Amalfitains ayant été éliminés depuis quelque temps déjà. Cette déstabilisation du marché va pousser les Vénitiens à détourner, en 1204, la 4ème croisade, à conquérir, avec l’aide des croisés, Constantinople et à se partager les terres de l’empire, opération qui sera nommée, partitio romaniae.

Venise, de grande puissance navale et commerciale, deviendra en plus une grande puissance coloniale.

L’empire vénitien

En 992 Venise avait obtenu du Byzance une bulle d’Or qui reconnaissait de fait son hégémonie sur le commerce maritime entre l’Italie et Constantinople.

Cependant Venise était entravée dans son commerce par les Slaves et en particulier les Narentains avec lesquels ils s’étaient affrontés à plusieurs reprises. Ils avaient également eu à combattre contre les Sarrasins qui s’étaient approchés de Venise mais ces derniers avaient été définitivement repoussés.

En l’an 1000 le doge Pietro Orsoleo, à la tête d’une armada entreprend une expédition vers les côtes est. Les villes et les îles d’Istrie se soumettent volontiers les unes après les autres à l’exception des Slaves de Dalmatie et en particulier des Narentains qu’il soumet par la force.

Au cours du XI siècle Venise était la plus grande puissance économique de la Méditerranée. Dans son intérêt elle aide Byzance à lutter contre les Arabes et les Normands de Robert Guiscard qui avaient de vues sur l’empire. L’empereur concède en retour, non sans quelques réticences surmontées par une démonstration de force des Vénitiens, dans une nouvelle bulle d’Or en 1082, une extension des exonérations fiscales non seulement aux ports mais à une quantité de villes de l’intérieur. Cela va du Péloponnèse à la mer Egée en passant par l’Asie mineure.

Cette bulle reconnaît également aux Vénitiens l’existence d’un quartier avec ses quais, entrepôts et moulins ainsi que deux églises à Constantinople même. Les Vénitiens sont partout. Ils sont exonérés de charges fiscales que mêmes les Byzantins doivent payer. De plus ils sont méprisants. Le mécontentement monte parmi le peuple.

Cette situation change en 1171. Les Vénitiens refusent de soutenir l’empereur dans sa politique de reconquête du bassin adriatique. Manuel Ier Comnène, s’assure du soutien des Génois et fait emprisonner tous les Vénitiens et fait saisir toutes leurs possessions dans l’empire. Venise met sur pied une expédition mais elle échoue en raison d’une épidémie de peste.

En 1182, sous l’empereur Andronic Comnène, la population massacre les Latins de Constantinople, c’est-à-dire les Génois.

Un accord est malgré tout signé avec les Vénitiens en 1198. De nouveaux ports et de nouvelles villes sont à nouveau proposées au commerce. Les biens saisis sont rendus avec en plus un dédommagement financier. Les affaires reprennent mais la méfiance reste.

En 1201 le pape Innocent III prêcha une nouvelle croisade, la quatrième. Elle avait pour but la reprise de Jérusalem perdue à la suite de la bataille de Hattin. Les croisés français, flamands et allemands avaient besoin de moyens de transport. Les Génois et les Pisans refusèrent. Les Vénitiens signèrent en 1201 ce qui n’était qu’un contrat commercial de transport. Ils s’engageaient à transporter 4500 cavaliers et leurs montures ainsi que 9000 écuyers et 20'000 fantassins ainsi que des vivres pour subsister une année. De plus elle armait à ses frais 50 galères. En retour les croisés devaient payer 85'000 marcs d’argent et la moitié des bénéfices réalisés pendant l’expédition. Les navires devaient être prêts pour le 29 juin 1202. Les Vénitiens grâce à leur arsenal étaient en mesure de tenir les termes du contrat.

A la date dite, tout était prêt. Mais une partie des croisés s’était mise en route par des voies terrestres de sorte qu’il manquait 34'000 marcs d’argent. Le doge Enrico Dandolo fit alors une proposition. En échange de la somme due, les croisés aideraient Venise à reprendre au passage la ville de Zara tombée aux mains du roi de Hongrie. Le fait qu’il s’agissait de chrétiens ne retint pas les croisés.

Apprenant cela le pape Innocent III entra dans une grande fureur et faillit excommunier tout le monde. Mais il admit que cela n’était finalement qu’un petit détour et que l’important était la prise de Jérusalem.

A Zara les croisés rencontrèrent le prince byzantin Alexis IV Ange dont le père, Isaac II avait été détrôné par son frère Alexis III. Le prince leur avait demandé de l’aider à reconquérir le trône. Cette demande était appuyée par le beau-frère du prince, Philippe de Souabe, fils de Frédéric Barberousse, roi des romains, marquis de Toscane et de Souabe. Ils proposèrent aux croisés 20'000 marcs d’argent et la réunion de l’Eglise grecque à l’Eglise romaine dont elle était séparée depuis le schisme de 1054, ainsi que 1'000 hommes pour les suivre dans la croisade. Cet accord fut conclu en janvier 1203.

Pour les croisés et leurs commandants Boniface de Montferrat et Baudouin des Flandres, l’idée d’un profit substantiel était alléchante et finalement il ne s’agissait que d’un détour. Pour les Vénitiens, l’idée de mettre sur le trône un empereur laissait entrevoir des privilèges non négligeables en contrepartie. Pour le pape enfin, la possibilité d’une réunion des deux Eglises sous sa primauté était attrayante.

Les croisés attaquèrent et prirent facilement Constantinople, la résistance fut faible. Alexis III n’était pas un souverain très aimé. Mais le nouvel empereur Alexis IV imposé par des étrangers était ressenti comme un fantoche manœuvré par les croisés et les Vénitiens. Sentant ces résistances Alexis IV demanda aux croisés de rester à Constantinople jusqu’au printemps 1204.

Des attentats se produisirent contre la flotte et le quartier vénitiens qui furent la proie des flammes. Alexis IV lui-même espérant s’attirer la sympathie de ses sujets se rebiffa contre ses protecteurs. Malgré cela une insurrection le chassa du trône et mis à sa place Alexis V Dukas, un représentant de la résistance nationale qui demanda aux croisés de quitter immédiatement Constantinople. La tension était à son comble. Mis en danger les croisés décidèrent de passer à l’attaque. Auparavant le doge et Montferrat signèrent un accord aux termes duquel l’empire aurait désormais un empereur latin élu par les Vénitiens et les croisés. L’empire serait dorénavant organisé selon un schéma occidental féodal. Son territoire serait partagé entre le futur empereur, les Vénitiens et les croisés. Le patriarcat de Constantinople obéirait au rite romain et serait entre les mains des croisés ou des Vénitiens. On fixa la répartition des fiefs et on décida de rester à Constantinople jusqu’à fin mars 1205.

Une bataille intense s’engagea au cours de laquelle la ville est mise à feu et livrée à un pillage systématique durant les 12 et 13 avril 1204. Elle ne se relèvera jamais plus. Des trésors artistiques furent détruits ou emportés dont les 4 chevaux qui ornent toujours la basilique de Saint-Marc, des reliques volées. Enfin des massacres horribles furent perpétrés.

Le partage

Après la prise de Constantinople eut lieu le partage par une charte appelée « partitio romaniae ». Elle donna naissance à l’empire latin de Constantinople. Cet empire dura de 1204 à 1261, année de sa reconquête par Michel Paléologue.

Deux chefs francs convoitent le titre d’empereur : Boniface de Montferrat et Baudouin de Flandre. Boniface déplaît aux vénitiens parce qu’il est allié de Gênes et parent du roi Philippe. C’est finalement Baudouin qui est élu sous le nom de Baudouin Ier le 16 mai 1204. Son empire s’étend de Constantinople à la Thrace et au nord-ouest de l’Asie mineure.

Boniface reçoit la Macédoine et la Crête qu’il revendra aux Vénitiens. Il devient roi de Thessalonique. En 1227 ce royaume va passer par héritage à l’empereur Frédéric II de Hohenstauffen.

Les Vénitiens ont reçu « un quart et demi » des terres byzantines, les 3/5 de la ville de Constantinople, le patriarcat, les ports de Coron, Modon et l’île de Négrepont, Corfou, les îles ioniennes, Corinthe et Sparte. Venise s’est ainsi constitué un véritable empire colonial qu’elle va conserver plusieurs siècles et l’élimination de tous ses concurrents commerciaux en Méditerranée.

Prise de Constantinople en 1204 Palma Le Jeune

 Tableau Le jeune

Le partage

Après la prise de Constantinople eut lieu le partage par une charte appelée « partitio romaniae ». Elle donna naissance à l’empire latin de Constantinople. Cet empire dura de 1204 à 1261, année de sa reconquête par Michel Paléologue.

Partage carte

Carte Venise partage

D’autres royaumes sont créés :

  • Le duché d’Athènes dont la capitale sera Thèbes. Il est octroyé à Othon de la Roche
  • Le duché de Naxos qui échoit au Vénitien, neveu du doge Enrico Dandolo. Il regroupe toutes les îles des Cyclades.
  • La principauté de Moréeou d’Achaïe confiée à Geoffroi Ier de Villehardouin avec des terres données aux hospitaliers et aux templiers.

Dans tous ces territoires c’est le système féodal qui règne ce qui conduit à un morcellement entre tous les seigneurs participant à la croisade.

Elle s’allia dans un premier temps avec Pise pour débarrasser la mer Tyrrhénienne des pirates musulmans grâce à la conquête de la Corse, la Sardaigne et les Baléares.

Elle participa à la première croisade ce qui lui apporta des privilèges commerciaux en Terre Sainte.

Après la prise de Constantinople, elle est exclue du commerce par les Vénitiens. Mais en 1261, elle atteint son apogée au XIIIe siècle grâce au traité de Nymphée – traité d'alliance offensive et défensive signé le 13 mars 1261 entre le capitaine du peuple de la république de Gênes Guglielmo Boccanegra et l'empereur de Nicée –, par lequel elle obtenait de l’empereur Michel VIII Paléologue le monopole du commerce au-delà du détroit qui mène à la mer Noire, à Galata et à Constantinople. Ces avantages lui ont été confiés après qu’elle eut mis sa flotte à la disposition de l’empereur pour reprendre Constantinople aux Latins.

Comme dit ci-dessus en 1284 elle élimina la concurrence de Pise après la bataille de Meloria. Enfin en 1298 ils battirent la flotte vénitienne près de l’île dalmate de Curzola (Kurkola).

La bataille navale de Curzola eut lieu le 17 septembre 1298. Les Gênois étaient commandés par Lamba Doria tandis que les Vénitiens étaient sous le commandement de l’Amiral Andrea Dandolo. Les Vénitiens furent battus. Il y eut de nombreux prisonniers vénitiens parmi lesquels Marco Polo qui resta à Gênes, où il écrivit ses fameuses mémoires. Cette victoire ne fut en rien décisive car Venise se réarma très vite.

L’ importance diminua cependant après la seconde guerre contre les Vénitiens, entre 1379 et 1381. À cette date les Génois parvinrent à occuper Chioggia, aux portes de Venise et à faire le blocus de Venise. La ville ne put être prise. Les Vénitiens reconstituèrent une flotte et finalement battirent les Génois en juin 1380. La guerre qui se termina par la paix de Turin en 1381.

Après cette guerre Gênes fut engagée dans des luttes intestines qui compromirent son indépendance. Après la chute de Constantinople en 1453 Venise chercha à se développer dans l’expansion terrestre. Gênes s’engagea alors dans la finance internationale.

Elle fut finalement conquise par Napoléon en 1805 et en 1815 elle fut annexée au Royaume de Sardaigne.

L’expansion dans la plaine padano-vénitienne

Carte expansion padano

Venise avait toujours possédé quelques territoires sur la terre ferme. Au cours des siècles et avec la baisse du commerce maritime, Venise eut recours aux placements fonciers.

Au XIVe siècle déjà, après le traité de Turin qui mit fin aux guerres avec Gênes, elle engagea des mercenaires pour faire face aux visées expansionnistes du duché de Milan. Elle ne se contenta pas de défendre les territoires qu’elle avait mais partit à la conquête d’autres contrées. Ainsi elle s’étendit, sous les ordres du doge Francesco Foscari (1423- 1457) sur une partie des territoires lombards.

Elle s’appuya, pendant quelques années, sur des traités et des alliances avec Florence (1425). En 1433 Philippe Marie Visconti dut céder Brescia et Bergame. Puis il fut contraint de laisser Venise avancer jusque sur la rivière Adda.

En 1454, à Lodi, Milan et Venise conclurent une paix définitive. Des frontières claires furent fixées et indiquées par des balises - croix et autres -. Les deux puissances conclurent même une alliance en 1454 dans le cadre de la Ligue italique, entre Milan Venise et Florence. Les parties s’engageaient à respecter une trêve de 25 ans.

Ainsi, Venise était à l’époque une des principales puissances européennes dotée d’une force commerciale et économique supérieure aux autres parties.

Venise en guerre en Europe

A cette époque, toute l’Italie était en pleine recomposition. Cela se traduisit par 11 guerres, faites de coalitions changeantes, entre 1494 et 1559 auxquelles Venise participa à 5 reprises.

L’expansionnisme de Venise entra ainsi en opposition avec les visées territoriales du pape Jules II de la Rovere. Il y eut alors plusieurs traités préparatoires entre Louis XII, Maximilien Ier d’Autriche et Philippe, archiduc de Luxembourg.

Finalement en 1509 se constitua la Ligue de Cambrai. C’était une coalition militaire regroupant Louis XII, l'empereur Maximilien Ier d’Autriche et Ferdinand II d'Aragon , contre Venise destinée à lui enlever certains territoires. Le pape Jules II y adhéra en mars 1509. 

Jules II Louis XII Maximilien 1erFerdinand II

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 Jules II  Louis XII  Maximilien 1er  Ferninand II

 

La ligue ouvre les hostilités le 1er avril 1509. Les Vénitiens sont défaits à Agnadel, le 14 mai 1509, par les Français.

En 1510, inquiet des progrès de Louis XII, le pape Jules II se rallie à Venise et s'engage militairement à ses côtés. Le 4 octobre 1511, il constitue La Ligue catholique ou Sainte Ligue qui est une coalition ouvertement dirigée contre la France de Louis XII, alors duc de Milan en titre, qui montrait d'importants appétits territoriaux en Italie du Nord en cherchant à étendre ses possessions italiennes vers la Vénétie. Elle regroupait, outre le Saint-Siège, la Couronne d'Aragon de Ferdinand II concerné par le biais de son royaume de Naples, la République de Venise et les cantons suisses.

L'Angleterre d'Henri VIII Tudor rejoint cette Sainte Ligue le 13 novembre 1511.Portrait5

L'Empereur Maximilien, resté l'allié théorique des Français, y fait son entrée le 17mai 1512.

La ligue contraignit l’armée française à battre en retraite. Cependant Maximilien réclama la possession de la Vénétie à moins qu’elle ne lui paye un dédommagement de 200'000 florins et une rente annuelle de 30'000 florins. Venise refusa.

Elle se rapprocha de la France afin de chasser les impériaux qui étaient encore présents en Vénétie et en Lombardie. En 1513 fut signé un traité entre la Louis XII et Venise. L’armée coalisée conquit tous les territoires du duché de Milan mais une sortie des Suisses lors du siège de Novare détruisit l’armée française.

Maximilien Sforza put ainsi se rétablir à la tête du duché de Milan.

Finalement un équilibre s’installa entre les belligérants. Venise se tint sur la défensive mais en 1514 le pape Léon X fit la paix avec la France, l’Espagne et l’Empire. Il ne restait par conséquent plus en conflit que Maximilien et Venise.

Venise se trouvait alors encerclée par l’Espagne dans le duché de Milan, les Habsbourg au Nord et l’Empire Ottoman à l’est qui non seulement interdisait toute expansion de ce côté mais en plus représentait une menace pour les possessions maritimes.

La crise

Depuis la découverte de l’Amérique, à la fin d’u XVème siècle, le commerce maritime s’orienta vers l’Atlantique au bénéfice des Espagnols mais aussi des Portugais. Ces derniers, en franchissant le Cap de Bonne Espérance, s’ouvrirent par ailleurs des marchés sur la route des Indes.

La Méditerranée, en tant que route commerciale, perdit dès lors de son importance et le commerce y devint difficile du fait de la montée en puissance des Turcs.

Venise, dès cette époque, entra en crise au plan commercial.

En fait les conflits avec les Turcs débutèrent dès le milieu du XIVème siècle. Dès cette époque, ils commencèrent à se répandre dans les Balkans, au Nord, tandis qu’au Sud, une fois battus les Mamelouks d’Egypte, ils envahirent la totalité du monde arabe, y compris l’Afrique du Nord. À partir de ces territoires les Turcs mènent des razzias sur les côtes italiennes et espagnoles, emmenant les habitants en esclavage.

Malte fut d’ailleurs donnée par Charles Quint aux Chevaliers Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem après la prise de Rhodes, afin de sécuriser cette partie de la Méditerranée.

Les heurts avec Venise furent innombrables : de Smyrne à Constantinople, prises par Mehmet II en 1453, en passant par l’Albanie et Chypre avec le massacre général de la population de Famagouste en 1570.

Le gouverneur de l’île de Chypre, Marcantognio Bragadino, résista courageusement. A la fin il se rendit contre l’assurance que la population et lui-même serait épargnée. Les Turcs promirent mais ils n’en tinrent pas compte, massacrèrent la population et exécutèrent Bragadino en le pelant vif.

gravure

En réaction à cette perte de Chypre, se forma une coalition à l’initiative du pape Pie V. Elle comprenait des Espagnols, des Génois, des Savoyards et des galères pontificales et les Chevaliers de Malte. La Flotte vénitienne constituait le gros des forces. Sous le commandement de Don Juan d’Autriche, fils illégitime de Charles Quint, ils battirent les Turcs à la bataille de Lépante, près du golfe de Patras en Grèce, le 7 octobre 1571. Cette victoire, suite à l’échec du siège de Malte en 1565, mit un terme à l’expansion turque dans la Méditerranée de l’Ouest. Mais les forces occidentales ne purent pousser leur avantage en raison de dissensions internes.

La bataille de Lepante: 7 octobre 1571

C'est finalement au matin du 7 octobre que les deux flottes se trouvèrent au large du golfe de Lépante. La surprise était des deux côtés : les chrétiens avaient appris que les Turcs mouillaient devant la forteresse de Lépante, et pensaient qu'ils les y attendraient à l'abris, tandis que les Turcs réalisèrent qu'ils avaient nettement sous-estimé les forces de la Ligue. Ils étaient en rang à l'est (côté golfe), tandis que les chrétiens prenaient place à l'ouest.

Dès le début de la bataille, la supériorité chrétienne fut démontrée par la mise en avant des six galéasses de commerce, transformées en bâtiments de combat. À la place du fret, elles reçoivent une cinquantaine de bouches à feu, de tous calibres, tirant sur les flancs, à une époque où les galères ne portent que quelques pièces en chasse, c'est- à-dire sur l’avant et tirant dans l’axe du navire. Les bâtiments, redoutables plates-formes d’artillerie, créent la surprise à la bataille de Lépante en dévastant et coulant nombre de galères turques.

Dans la mêlée qui s'en est suivie, les fantassins prenaient place sur le sol mouvant des galères éperonnées. Ils combattaient à l'épée, à l'arc ou l'arbalète, ou avec une arquebuse à travers les bancs des rameurs enchaînés, où sur leur dos.

Finalement, le combat cessa quand la tête d'Ali Pacha fut brandie en haut d'un pic.

Les chrétiens avaient coulé 50 galères et s'étaient emparés de 100 autres. Ils libérèrent 15.000 prisonniers chrétiens, Ils avaient perdu 8.000 hommes, et avaient eu de nombreux blessés parmi lesquels le futur écrivain Cervantes qui venait de perdre l'usage de sa main gauche "pour la gloire de la droite" dira-t-il. Euldj Ali qui avait combattu vaillamment, réussit cependant à fuir avec une trentaine de galères barbaresques. L'Europe venait de prouver l'importance de l'artillerie maritime lourde de ses galéasses face aux traditionnelles galères.

La bataille de Lépante fut la dernière grande bataille où furent opposées les galères traditionnelles dans la mer de Méditerranée.

En Candie (Crête) les Vénitiens résistèrent pendant une 20aines d’années avant d’être anéantis par les armées turques en 1669. Cette dernière guerre fut si couteuse qu’elle obligea le pouvoir à rouvrir le livre d’Or des patriciens du Grand conseil afin de drainer de l’argent.

Venise parvint à reconquérir la Morée (Péloponèse) entre 1683 et 1687 mais le perdit définitivement en 1718.

Durant ces guerres, Venise manœuvra toujours pour se garder une porte de sortie négociée afin de ne pas compromettre définitivement ses voies commerciales avec l’Orient. En effet l’Orient est le seul marché qui lui est raisonnablement accessible. Dans les autres régions plus lointaines, elle ne peut entrer en concurrence avec les grandes puissances telles l’Espagne, la France, l’Angleterre ou la Hollande.

Peu à peu la concurrence d’autres entités s’accrut. Ainsi en 1733 les 5 Sages de la Marchandise indiquaient qu’il y avait de nombreux ports qui leur faisaient du tort en Méditerranée. Gènes et Livourne, ports créés par le Duc de Toscane, servaient d’escales au commerce anglais. De là les marchandises passaient directement en Lombardie et en Allemagne. Plus grave encore, dans l’Adriatique même, les ports d’Ancône, propriété du pape, et Trieste, appartenant aux Habsbourg, commerçaient avec l’Orient et avec l’Allemagne, créant une forte concurrence sur le terrain jusqu’ici chasse gardée de la Sérénissime.

En Méditerranée, ces mêmes Sages, décrivent les difficultés que les flottes vénitiennes rencontrent face à la barbaresque 53 d’Afrique du Nord. Venise se résout à verser un tribut au bey de Tunis. Cela lui valut un répit vers la fin du XVIIIème siècle.

Voilier Venise

La dernière entreprise maritime eut lieu entre 1784 et 1786. À cette époque on assista à une recrudescence de la barbaresque. Venise essaya de négocier. Cela échoua. Venise organisa alors des expéditions qui bombardèrent Sousse, Sfax et Bizerte tandis que le port de Tunis était bloqué. Ces démonstrations de force ne servirent à rien et, pour avoir la paix, Venise fut contrainte de payer un tribut encore plus élevé au bey.

La fin : 1797

L’armée d’Italie, commandée par Napoléon, battit les Autrichiens à Montenotte et Lodi en 1796. Elle entra alors dans le territoire de la République qu’elle occupa jusqu’à l’Adige, le Frioul étant tenu par les Habsbourg.

L’année suivante, en 1797, Napoléon attaque les Autrichiens par le Nord. Une paix est conclue aux termes de laquelle l’Etat vénitien est limité à Venise et sa lagune. Des révoltes contre Venise ont lieu à Bergame et Brescia. Ailleurs se sont des révoltes anti-françaises qui se manifestent. Le 25 avril 1797 Venise canonne un navire français qui tente de forcer l’accès de la lagune. Le 1er mai Bonaparte déclare la guerre à Venise. Le 12 mai le Grand conseil approuve de remettre le pouvoir provisoirement au système de gouvernement représentatif qui lui est présenté. Le 16 mai la municipalité provisoire s’installe dans la salle du Grand conseil. Le traité franco-autrichien de Campoformio aboutit à la donation de Venise à l’état autrichien. L’acte est signé le 18 octobre 1797 par le dernier doge. 

C’était la fin de Venise après 1070 ans d’indépendance

Par le traité de Campoformio, seules les îles Ioniennes sont attribuées à la France, avant de devenir la quasi-indépendante République des Sept Îles. Les Autrichiens entrèrent dans la ville le 27 juin 1798. L'empereur François II d'Habsbourg-Lorraine rassembla la Vénétie et le Frioul pour former la Province Vénitienne d'Autriche. Les retombées en termes de poids économique et politique sur la ville furent considérables. Cette domination fut interrompue entre 1806 et 1814 par une nouvelle installation des Français.