Election et investiture d'un pape

L'élection et l'investiture d'un pape est un rituel bien singulier

Jusqu’au troisième concile du Latran en 1179, bien des personnages se mêlaient de l’élection d’un nouveau pape. La communauté des croyants dans un premier temps, puis les empereurs, les nobles, le clergé et bien d’autres encore.

Pour se libérer des influences externes, le troisième concile du Latran décida que seuls les cardinaux pourraient voter pour élire un nouveau pontife, à la majorité des deux tiers. Cette décision est toujours appliquée. Mais ce n’est qu’en 1274 que Grégoire X fit adopter au concile de Lyon un décret obligeant que les cardinaux soient isolés durant les scrutins. Le conclave était né.

Election du pape du XIème au XVIème siècle

TiareA partir du XIe siècle et jusqu’en 1513, avec une parenthèse durant le séjour des papes en Avignon, le couronnement et l’investiture se déroulaient de la manière suivante. Une fois élu le nouveau pape était couronné dans la Basilique Saint Pierre au Vatican. Il était couronné en tant que souverain de ses Etats. Pour ce faire on lui posait une tiare sur la tête, couronne à 3 étages. Cette couronne a été abandonnée en 1963 par Paul III car ce symbole n’avait plus sa raison d’être, le pape ne règne plus que sur le minuscule Etat du Vatican. Actuellement on dit que le pape est consacré comme n’importe quel évêque.

Ensuite on le revêtait d’un manteau pourpre comme celui des empereurs. On lui attachait une ceinture pourpre à la taille à laquelle était nouée une bourse contenant 12 pierres précieuses, symbole des 12 apôtres.

On ne manquait toutefois pas de lui rappeler que son règne était éphémère. Pour ce faire on enflammait une étoupe au sommet d’un bâton en prononçant la phrase « Sic transit gloria mundi ».

Le nouvel élu se dirigeait alors en cortège, monté sur un cheval blanc, au milieu d’une foule de hauts prélats, de nobles et de gardes vers la Basilique du Latran, dont il est l’évêque titulaire.

Arrivé au Latran, le pape était conduit sous le porche de la Basilique. Là se trouvait la « sedia stercoraria » (stercoral = Excréments). C’était une sorte de chaise percée qui était sensée rappeler au souverain pontife sa condition humaine. La tradition rapporte  que c’était sur cette chaise que l’on vérifiait le sexe du Saint Père, cela après l’épisode fameux de la légendaire papesse Jeanne.

Le pape était ensuite installé, allongé, sur deux chaises curules de couleur rouge. La signification de ce geste est, de nos jours, sujet à interprétations. Pour certains le pape aurait mimé un cadavre entre deux tombes, celle de St Pierre et celle de St Paul, lui rappelant qu’il était aussi mortel. Pour d’autres cette cérémonie serait à rapprocher du possesso, qui correspondait à la prise de possession de la cathédrale par l’évêque et à son mariage avec l’Eglise. Ce rituel se déroulait en Toscane. On plaçait un lit dans l’église et l’évêque s’y asseyait en compagnie d’une abbesse.

Chaise stercorale  Chaise percee  loge basilique Latran
Chaise stercorale   Détail de la chaise percée Loge basilique du Latran

 

Le pape montait alors sur la loge des bénédictions et s’adressait alors au peuple présent et lui jetant 3 poignées de monnaies, il s’exclamait : « L’argent n’est plus pour moi ». Un comble en ces temps !

Un grand banquet suivait la cérémonie. Les personnalités de plus haut rang, parfois des rois, servaient le pontife à table dans de la vaisselle d’or. Ensuite de quoi le pape pouvait enfin commencer à régner.