Mort d'un pape les rituels d'hier et d'aujourd'hui

A la mort d’un pape on assistait souvent au Moyen-Âge, à un rituel bien étrange

La coutume voulait en effet que l’on procède à une sorte de partage des biens du défunt avec le peuple. Parfois ses proches étaient les premiers à se servir. Il faut dire que les papes s’enrichissaient sans retenues durant leur pontificat. On doit également préciser que dans l’esprit de ses proches, c’était en quelque sorte une compensation du fait que le nouveau pape les « licenciaient » puisqu’il amenait ses familiers avec lui.

Mais ce soit disant partage allait très loin. Il existe plusieurs récits qui relatent que non seulement les biens du pape étaient pillés mais que son cadavre était dépouillé de tous ses vêtements et que parfois le corps était laissé, nu, plusieurs jours à l’abandon.

Le cardinal Jacques de Vitry relate dans ses mémoires qu’il a été témoin de la mort du pape Innocent III en 1216 et que son cadavre laissé dévêtu, dégageait une puanteur effroyable.

Jean Burckard, maître des cérémonies de plusieurs papes, rapporte qu’en 1484, à la mort de Sixte IV, « à peine la dépouille protée dans la chambre, tout le reste disparut, en un instant pour ainsi dire. Malgré mes recherches, je ne parvins à me procurer ni onguent ni mouchoir pour laver le cadavre. Je ne trouvais même pas des chausses et une chemise pour le vêtir ».

Alexandre VI Borgia a eu un même destin exercé par ses proches. Notons que le pillage par le peuple n’était plus dans les coutumes au moment de sa mort en 1503 puisqu’il semble avoir pris fin en 1227.

A cela s’ajoutait le fait que les romains insultaient parfois le cadavre, si le pontificat n’avait pas été à leur goût. On voulait par là rappeler que le pape, en mourant, redevenait un simple mortel. D'ailleurs le rituel de l’investiture comportait également des gestes symboliques rappelant la condition terrestre du pontife.

En revanche une autre coutume a vu le jour en 1378 : celle du pillage de la maison du cardinal élu pape. On volait tout: mobilier, vaisselle, vêtements, tableaux et tentures. Cela se passait également lors de l’élection d’un évêque.

Que se passe-t-il à la mort du pape ?

Mort du papa

Depuis le XVe siècle le rituel n’a pratiquement pas changé. Le cardinal camerlingue constate officiellement le décès. Jusqu’à peu il frappait le front et les pieds du défunt avec un petit marteau en argent pour s’assurer de sa mort. De même il appelait le pape par son nom par trois fois. Ensuite il annonçait sa mort au doyen du Collège des cardinaux.

Que devient le corps du pape après sa mort ?

Pape Jean XXIII

Pape Jean XXIII

Le corps est tout d’abord exposé dans une chapelle privée où la curie vient lui rendre hommage. Ensuite on embaume le corps. Cette procédure existe depuis le XIVe siècle. Elle était rendu nécessaire par la relativement longue période entre le décès et l’ensevelissement, soit neuf jours. Actuellement on expose le corps durant toute cette période car les techniques d’embaumement permettent une excellente conservation. En fait depuis Pie X cet usage a été abandonné car d’autres interventions permettent la conservation des corps d’autres interventions permettent la conservation des corps.

Ainsi Jean XXIII mort en 1963 a été exhumé et exposé dans la basilique St Pierre, 38 ans après sa mort, en 2001, en excellent état de conservation.

Dans le passé il est arrivait que l’on enterrât le corps en catimini, que l’on ferme le cercueil et que les gardes se tiennent près d’un catafalque vide.

Lors de l’embaumement on retire les viscères du pape. Ces viscères étaient déposées, jusqu’au XVIIIe, dans de grandes urnes qui sont déposées dans la paroisse du Quirinal, où on peut encore les voir aujourd’hui. Par la suite leur destination n’est pas bien claire.

Avant de refermer le cercueil on y introduit les médailles et les monnaies frappées au cours de son pontificat. Quant à l’anneau papal avec lequel il scelle sa correspondance personnelle, il est toujours brisé à sa mort. Cet anneau sur lequel figure l’effigie de Saint Pierre confirme que le pape est le successeur de Pierre.

Au moment de son ensevelissement le pape est coiffé de la mitre comme n’importe quel évêque. Il est vêtu de sa soutane blanche et d’un manteau rouge. Le blanc représente la pureté et le rouge symbolise le martyre du Christ. Les papes n’ont jamais été enterrés avec leur tiare. D’ailleurs celle-ci, symbole du pouvoir spirituel et temporel a été abandonnée par Paul VI en 1964 pour bien signifier que le pape n’a plus d’aspirations terrestres.

Actuellement les papes reposent pour la plupart sous la basilique St Pierre (on peut visiter cet endroit). Mais il s’en trouve dans un grand nombre d’église de Rome et même d’autres villes. Au moment de la construction de l’actuelle basilique St Pierre, on a transporté les restes de plusieurs papes dans des églises où ils reposent toujours.

Certains sont exposés dans des cercueils en verre. C’est notamment le cas de Jean XXIII à la Basilique St Pierre ou de Pie V   dans la chapelle Sixtine de la Basilique de Sainte Marie Majeure.

Après la mort du pape, le conclave réunissant tous les cardinaux de moins de 80 ans est convoqué entre le 15ème et le 20ème jour qui suit. Ce sont eux et eux seuls qui ont le pouvoir d’élire le pape et cela depuis 1059.

En conclave les cardinaux ne sont autorisés à avoir aucun contact avec l’extérieur afin de ne pas être influencés. Cela valait surtout au Moyen Age où toutes sortes de personnages publics (empereurs, rois, princes) essayaient de faire élire le candidat de leur choix. De nos jours ils habitent la maison Ste Marthe, sorte d’hôtel voisin de la chapelle Sixtine où ils siègent. Ils procèdent à deux votes par jour à bulletins secrets. Lorsque les deux tiers des voix se portent sur un candidat, celui-ci est élu pape. Le peuple qui attend sur la place St Pierre est averti par l’émission d’une fumée blanche provenant d’un fourneau dans la chapelle elle-même. Si le scrutin ne donne aucun résultat on émet une fumée noire.

Histoire des conclaves

Cardinaux réunis en conclave

L’histoire des conclaves est riche en anecdotes. Ainsi celle du conclave le plus long mérite d’être rapportée.

Il s’agit du conclave de Viterbe, qui dure deux ans et neuf mois (fin 1268- septembre 1271). Excédée par un an de divisions et blocage, la population de Viterbe enferme à clé (cum clave en latin) les cardinaux dans le Palais pontifical à l'automne 1269. Les accès sont murés, les prélats réduits au pain et à l'eau, puis en juin 1270 le toit du bâtiment retiré pour exposer les participants aux intempéries. Sous la pression du nouveau roi de France Philippe III, les électeurs acceptent qu'une commission de six prélats détermine le prochain Saint-Père. Elle se met d'accord bien qu'il ne soit pas encore prêtre sur Grégoire X, en croisade en Terre sainte. Il mettra un ordre drastique dans la procédure. Grégoire X officialise le principe de l'enfermement des cardinaux pour le conclave, leur interdit tout revenu pendant cette période et impose le pain sec et l'eau au bout de cinq jours de vote sans résultat.

Que voilà des méthodes efficaces !