L'esclavage en Europe

Le mot Slave semble avoir donné le mot esclave

Chapitre 1 - Esclavage au Moyen Age en occident

Dans le Royaume des Francs

 Les peuples slaves du Haut Moyen Âge n’étaient pas très organisés et il était facile pour les régions avoisinantes de faire des razzias et de s'y ravitailler en esclaves. De plus il était difficile aux chrétiens de posséder ou de réduire en esclavage d'autres chrétiens, car l'Eglise proclamait que tous les hommes étaient égaux. C’est le Concile de Lyon (524) qui a interdit de réduire en esclavage un homme libre. Ainsi, les esclaves sont uniquement « importés » dans le Royaume des Francs. Le principal marché aux esclaves se situait à Verdun (IXe siècle). À noter qu'à l'époque mérovingienne plusieurs esclaves deviennent reines : la plus célèbre étant Frédégonde. Un esclave, Leudaste, devient connétable et comte de Tours au VIe siècle.

Dans les années 780, Charlemagne combat les Saxons et réduit une partie de cette population en esclavage. Il existe alors plusieurs types d'esclaves : les esclaves chasés, attachés à une parcelle de terre attribuée par son maître ; les esclaves domestiques qui sont des serviteurs et les esclaves travaillant sur la réserve, qui ne possèdent pas de terre. A l’époque, plus de 8000 esclaves travaillent sur les terres de l'abbaye de Saint-Germain des Prés. Les esclaves carolingiens subissent de nombreuses exclusions : ils sont exclus de l'armée, des tribunaux et de la prêtrise.

Dans l'Europe carolingienne, l'esclavage se réduit fortement et assez rapidement, à cause de plusieurs facteurs : la fin des conquêtes à partir du règne de Louis le Pieux, l'interdiction de l'Eglise de réduire en esclavage des chrétiens, la multiplication des affranchissements par testament et le chasement des esclaves sur une terre.

Cette diminution n’est toutefois pas également répartie. L'esclavage domestique demeure présent dans les régions méditerranéennes jusqu'au XVIe siècle : plus ou moins disparu au nord des Alpes, le nombre d'esclaves augmente en Catalogne et en Italie entre XIIIe et XVe siècle. Les esclaves sont alors surtout des individus capturés au nord de la mer Noire, où la colonie génoise de Caffa (carte ci-dessous) représente la plaque tournante du trafic d'esclaves. De nombreuses femmes esclaves sont amenées en majorité en Italie et sur les grandes îles méditerranéennes (Crète, Sicile, Ma- jorque, Chypre), où elles trouvent leur place dans le service domestique.

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Ailleurs en Europe

En Espagne, les Wisigoths installés dès le Ve siècle, réduisent les juifs à l'état d'esclaves.

L'esclavage perdure en Scandinavie jusqu'au XIIe siècle. Lors de leurs raids en Europe, les pirates vikings capturent des esclaves et les ramènent dans leur région d'origine. Hedeby au Danemark est le comptoir le plus important de ce trafic humain, essentiellement à destination de Constantinople. Quant à l'Empire germanique, dès les Xe-XIIIe siècles, il développe même une classe de nobles d'orig

ines serviles, les ministériaux.

En Méditerranée

En France, le roi Louis X le Hutin publia le 3 juillet 1315 un édit affirmant que « selon le droit de nature, chacun doit naître franc [...] le sol de France affranchit l'esclave qui le touche ». Depuis cette date, la France abolit officiellement l'esclavage mais dans les faits l'interdiction connut de nombreuses entorses dans toutes les régions méditerranéennes qui entretenaient des relations commerciales avec les pays musulemans, et bien entendu, par la suite, dans les colonies. 

 

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Les Français, au même titre que tous les autres riverains de la Méditerranée, sont victimes d'enlèvements et sont réduits en esclavage. Les Barbaresques n'hésitent pas à mener des razzias dans les villages côtiers. On recense plus de 20 000 esclaves français à Alger en 1350. Les autorités françaises ne peuvent réagir militairement car le contrôle complet du littoral n'est alors qu'illusoire. Elles et se contentent de multiplier les missions à Alger afin de racheter les esclaves chrétiens. Ces esclaves une fois libérés, effectuent une véritable procession, à pied, des ports méditerranéens où ils débarquent, jusqu'à Paris.

C’est à cette époque qu’on élève des tours de guets et qu’on fortifie les villages.

Les Républiques maritimes italiennes

Le trafic des esclaves avec le monde arabo-musulman fait en partie la richesse des Républiques maritimes italiennes comme celles de Gênes et de Venise. Les « négrillons » (nom commun à l’époque) vendus dans les cours d'Europe, les odalisques et autres servantes mauresques proviennent de ce trafic.

Mais la route la plus importante de la traite d'esclaves médiévale, à part celle vers l'Égypte musulmane, est celle qui amène des esclaves de la Mer Noire (colonie génoise de Caffa) vers l'Italie voire la Catalogne. Il s'agit pour la plupart de femmes destinées au service domestique. Peu de ces esclaves domestiques restent dans leur statut après leur trentaine, mais leur affranchissement ou rachat par elles-mêmes est souvent soumis à des conditions assurant le pro- longuement de leurs services pour au moins quelques années.

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Le marché aux esclages 
de Jean-Léon Jérome

A Venise

Le mot "esclave" serait apparu dans la République de Venise au cours du Haut Moyen-Age, peu avant le Xeme siècle, où la plupart des esclaves étaient des Eslavons (Slaves) venus des Balkans (la Slavonie, une province de la Croatie actuelle).

Les marchands vénitiens se procuraient des esclaves grâce aux Saxons de langue germanique qui possédaient de nombreux prisonniers Slaves, donc des personnes de race blanche. Ces esclaves étaient revendus très chers aux marchands arabes du sud de la Méditerranée et notamment aux Arabes d’Egypte. Les peintres Jean-Léon Jérome et Ingrès en réalisèrent quelques toiles célèbres

Les esclaves seront recrutés à Venise jusqu'au XVeme siècle et seront exploités dans les plantations en Provence, au Portugal, en Espagne, en Italie ou encore à Chypre.

C'est également à Venise que fut créé en 1516 le premier quartier réservé aux Juifs, le Ghetto. L'origine de ce mot est incertaine. En hébreu, "ghetto" à la même racine que "guete" qui signifie divorce. Le ghetto serait donc synonyme d'un acte de divorce des gentils vis-à vis des Juifs, ces derniers rappelons-le, ayant été expulsés de toutes les villes d'Italie à cette époque. A moins que le mot "ghetto" ait une origine locale, une fonderie de fer qui se dit "geto" en dialecte vénitien se trouvant à proximité de ce quartier. Cette origine est plus probable. Les Juifs y seront emprisonnés et porteront une tenue vestimentaire distincte (signes jaunes et vêtements et chapeaux spéciaux). Ils bénéficiaient toutefois d'habitations relativement confortables, d'une relative liberté et vivaient en bonne entente avec leurs voisins chrétiens.

L'oppression et l'esclavage furent donc deux activités que les Vénitiens pratiquaient avec zèle.